Depuis la nuit des temps, il nous promet l'Apocalypse si la Suisse ne se précipite pas dans les bras de l'Union européenne. François Cherix, ancien député et vice-président du NOMES (Nouveau mouvement européen suisse) a récemment récidivé dans «Le Temps» du 7 février, ventilant toutes ses forces pour nous prouver que le Conseil fédéral était «condamné à redevenir europhile». Le sort de la libre circulation serait, selon notre Cassandre, un test qui pourrait tourner au désastre.
M. Cherix est un homme courageux, et le NOMES, tout autant d'ailleurs que l'ASIN, a parfaitement droit de cité dans notre débat politique. Mais il n'est pas sûr qu'il marque des points en décrivant l'action de notre gouvernement comme inéluctable. Cette absence de choix bafoue l'idée même de République, et aussi celle de souveraineté, que nous ont léguées nos ancêtres, en marge de la Révolution française, et Dieu sait si le Canton de Vaud en a été marqué, dans le sillage de 1798 notamment.
Cette idée nous dit quoi? Mais que nous sommes libres, pardi! De choisir notre destin. De nous rapprocher ou non de Bruxelles. D'inventer notre chemin au milieu des nations. Se résoudre à ne voir la Suisse que «condamnée» à un ordre supérieur, c'est une vision de féodal. Une vision d'Ancien Régime. Notre pays de liberté mérite beaucoup mieux que cela.