«Directive transversale sur l’élaboration de directives transversales». Kamasutra? Non: Chancellerie de la République et Canton de Genève! Ce délicieux petit bijou de jargon bureaucratique illustre à merveille jusqu’où peuvent aller nos chers fonctionnaires, cantonaux ou fédéraux, lorsqu’ils évoluent en roue libre, hors des sentiers que doit leur tracer le politique.
Servir l’Etat est une noble tâche. La plupart s’y emploient avec courage et détermination. Mais tous doivent garder à l’esprit une idée maîtresse: le fonctionnaire travaille au service de la population, et non le contraire. Son activité doit être orientée vers des objectifs d’utilité publique, et fuir la tentation de tourner en rond. Lorsque l’Etat ne s’intéresse plus qu’à lui-même, c’est Byzance, dans le très mauvais sens du terme.
L’affaire de la «directive transversale», c’est le serpent qui se mord la queue. Le fonctionnaire qui se regarde dans un miroir. Il appartient à ceux qui les dirigent, l’autorité politique élue, de leur fixer des caps enthousiasmants, au service du public, avec des objectifs clairs, et de pourchasser tout excès bureaucratique. Aimer l’Etat, c’est le vouloir simple et efficace. La directive transversale ne sert pas l’Etat, elle le dévoie et le ridiculise. En cela, elle fait le jeu de ses ennemis, libéraux ou libertaires, qui voudraient tant le dissoudre et n’en faire qu’à leur guise.