Selon le tribunal de Lausanne, traiter une entreprise de voyou ne fait pas de vous un voyou. Attaqué au pénal par une puissante agence immobilière de la place, le conseiller communal Benoît Gaillard - et la journaliste qui a relayé ses propos – sont donc relaxés.
Au-delà de la question de l’immunité des élus, ce procès a été l’occasion de se livrer à une véritable exégèse du mot «voyou» dont les multiples nuances et acceptions sont quasi-casuistiques, surtout lorsqu’on l’utilise, comme l’a expliqué la défense, pour «frapper les esprits » et «créer l’emphase».
Alors frappons les esprits et créons l’emphase nous aussi: tous les mâles alphas qui n’en peuvent plus d’un féminisme-voyou sont-ils des voyous mal déconstruits? Avec ce procès gagné en forme de joli pied-de-nez aux puissants, Benoît Gaillard est-il un voyou-garnement? Les perdants du procès quant à eux, ne sont-ils pas en droit de considérer que la justice qui l’a relaxé est une justice de voyous ? Le Conseil communal qui a accepté de lui payer ses 14'000 francs de frais d’avocats sans base légale peut-il être qualifié de législatif-voyou ?
Une municipalité qui pourfend la FIFA en supprimant les fans zones durant la Coupe du monde tout en lui empruntant régulièrement de l’argent est-elle une municipalité-voyou? Mettre fin à la gratuité des places de parking en plein cœur de l’été peut-il s’assimiler à une démarche de voyou?
Et que dire enfin d’un ex-syndic qui reprend du poids après avoir perdu 30 kilos, a-t-il été lui aussi soumis à un régime de voyou?
Bref, arrêtons là cet inventaire à la Prévert - un véritable voyou de la poésie celui-là - et osons une conclusion que personne ne contestera: le seul vrai voyou de Lausanne est votre serviteur.