A Lausanne, c’était dans l’air du mauvais temps de l’époque, nos aïeux de l’Université ont cru bon, il y a de cela plusieurs décennies, de distinguer un «humaniste» éminent, un Duce à la mâchoire carrée et au crâne arrondi qui portait beau, en lui décernant un désormais très encombrant doctorat honoris causa. Aujourd’hui évidemment, Benito n’est plus le héros qu’il a pu être pour tant de gens, y compris des Suisses, car l’histoire n’aime pas les perdants.
Du coup, certains à Lausanne veulent qu’on lui retire cette malencontreuse distinction, manière de réécrire l’histoire pour mieux oublier que nos ancêtres ont été capables dans un bel unanimisme, d’aduler des fachos. En réalité, le vrai problème n’est pas que Mussolini ait pu être jugé apte à être distingué pour son action éminente. Le vrai problème est plutôt cette pratique détestable qui conduit des universités à décerner des diplômes honorifiques à n’importe qui, avec pour seul objectif de flatter le misérable égo aussi bien de ceux qui les reçoivent que de ceux qui les décernent, tout en servant les intérêts diplomatiques du moment. D’ailleurs, Alan Monoc lui-même aurait également succombé à cette tentation.
Lui qui chaque semaine persifle dans les colonnes de Lausanne Cités, se verrait volontiers, dit-on, lui aussi attribuer par l’alma ater lausannoise un beau doctorat honoris causa pour sévices rendus à la communauté, une manière de figurer en bonne place à côté du Duce au Panthéon des imbéciles consacrés par la communauté.