Nous vivons une situation paradoxale avec des indicateurs socio-économiques qui sont plutôt bons – un chômage à 3% dans le canton de Vaud et des demandes d’aide sociale en baisse – et par ailleurs une situation sur le terrain qui ne s’apaise pas. Nos centrales téléphoniques peinent à répondre à toutes les sollicitations, nos consultations sociales et juridiques sont surchargées, les demandes d’aide financière nécessitant le recours à des fonds privés ont explosé ces derniers mois.
Que se passe-t-il? Quelle est cette pauvreté qui ne s’exprime pas dans les chiffres officiels? A y regarder de plus près, le constat est sans appel. Avec la pandémie, la guerre en Ukraine, l’inflation, ce sont toujours les mêmes populations vulnérables qui encaissent les coups. Les familles nombreuses, les familles monoparentales, les étudiants, les personnes au statut de séjour fragile ou inexistant. Malgré les leçons apprises, les dispositifs sociaux restent poreux et se montrent incapables de prendre en charge certaines vulnérabilités tenaces, en particulier lorsqu’elles s’accumulent: perte d’un emploi, divorce, maladie, conflit familial, immigration, etc.
Avec les crises successives, les inégalités s’aggravent. Il y a celles et ceux qui s’en sortent, toujours mieux, et celles et ceux qui s’enfoncent, toujours plus.
Cette réalité préoccupante questionne. Une réponse institutionnelle et politique est nécessaire. Face aux enjeux économiques, sociétaux et climatiques à venir, la solidarité privée qui permet aujourd’hui de combler une partie des trous du filet social, ne peut pas être une réponse satisfaisante à long terme.