«En cas de black-out généralisé, nous pourrions maintenir les communications» Jean-Michel Clerc, radioamateur
lls ont un petit arrière-goût de vintage et de mystère qui ne laisse pas d’intriguer. Au 21ème siècle, à l’ère d’internet, des satellites, de la 5G et de la fibre optique, ces passionnés s’adonnent à une activité du siècle dernier. Que l’on pensait révolue, mais qui demeure vivace au quotidien chez quelques centaines de Vaudois - l’astronaute Claude Nicollier en fait partie - dont nombre de Lausannois. Ils, ce sont les radioamateurs, une espèce rare et vieillissante, mais dont la société pourrait bien avoir encore un jour besoin.
Mais de quoi s’agit-il en réalité? «C’est un sport, tout simplement, résume en souriant le Vaudois Jean-Michel Clerc, représentant de l'USKA en Suisse romande, l’Union des amateurs suisses d’ondes courtes. Un radioamateur c’est quelqu’un qui a une prédisposition pour les techniques de transmission et qui, indépendamment des réseaux actuels de téléphonie, essaye de joindre d’autres radioamateurs dans le monde entier.»
Pour l’essentiel, il s’agit d’utiliser pour communiquer, et grâce à un matériel relativement basique (émetteur, récepteur et antenne), des réseaux de fréquences d’ondes radio (courtes, VHF, UHF, etc.), celles-là même qui du temps préhistorique d’avant internet et des satellites, permettaient d’écouter la radio, mais aussi de communiquer avec les avions…
Météo des ondes
Avec les aléas de transmissions et de réception que nos aïeux connaissaient si bien: «Il y a en quelque sorte une météo des ondes radio en raison de la propagation qui dépend de l’activité électro-magnétique du soleil, explique Jean-Michel Clerc.
Selon les heures, mais aussi en fonction des cycles solaires ou même de l’humidité de l’air, il est possible ou pas, d’établir des liaisons radio avec d’autres radioamateurs du monde entier.»
Et c’est là que réside le sel de cette activité, un loisir qui peut facilement devenir très chronophage: le challenge. «Pour un radioamateur, c’est passionnant de jouer avec la propagation et de relever le défi de joindre quelqu’un très loin. Et cela peut prendre des jours entiers», s’enthousiasme un passionné contacté via… les réseaux sociaux. Les défis, cette activité n’en manque pas: se connecter en 24 heures à un maximum de stations possibles, entrer en contact avec la Station spatiale internationale, réussir à joindre des personnes du monde entier, y compris des pays très rares où un seul amateur est répertorié, avec à la clé, un diplôme, etc.
Autorisation obligatoire
Très structurée, cette activité est sévèrement réglementée, et son exercice est subordonné à l’obtention obligatoire d’une licence délivrée par l’OFCOM, l’Office fédéral de la communication. Et pour cause. De simple loisir, le radioamateurisme pourrait bien redevenir vital en cas de black-out électrique généralisé par exemple, un scénario catastrophe qui devient tout à fait plausible, en ces temps géopolitiques perturbés.
«C’est vrai, en cas de black-out, les radioamateurs ont à la fois les compétences et le matériel autonome pour maintenir les liaisons si tous les autres moyens de communication s’effondraient. Nous pourrions donc être sacrément utiles, constate Jean-Michel Clerc. Ce serait dommage d’avoir des spécialistes, qui en plus ont des appareils autonomes, et de ne pas utiliser ces compétences.»
Alors que le canton de Vaud n’a pour l’heure rien prévu, les autorités de coordination d’autres cantons, comme Fribourg par exemple ont établi des contrats avec les radioamateurs pour que ceux-ci, en cas de problèmes de transmission, puissent accéder à de nombreux sites et maintenir, au moins provisoirement, les dispositifs de communication.