La polémique est née aux premières heures de l'été sur deux pages distinctes du réseau Facebook. La première, alimentée par celui que beaucoup de Lausannois surnomment «Le Franz Weber des urbanistes», l'architecte à la retraite Urs Zuppinger, épaulé par sa femme Agneta. L'autre, par l'association MyFlon et son président Guillaume Morand, qui regroupe les quelque 40 enseignes qui ont pignon sur rue dans le quartier du Flon. A l'origine de la controverse, la construction du tram qui doit, d'ici cinq ans, relier la gare de Renens au cœur de Lausanne. Un tram tout beau, tout neuf dont le terminus supprimerait purement et simplement l'actuelle place de l'Europe.À l'heure de la rentrée, la polémique est loin de s'éteindre. Beaucoup estiment que dans ce dossier, la Municipalité a une nouvelle fois fait preuve «d'arrogance» et a brillé par son manque d'écoute et de concertation. Particulièrement visés par ces attaques, le syndic Daniel Brélaz et le municipal Olivier Français.
Pétition envoyée à Berne
«Qu'on le veuille ou non, cette place est devenue un véritable lieu de rencontre et d'échanges. Elle est en perpétuel mouvement, note Urs Zuppinger. Vouloir en faire un simple quai au nom de l'arrivée du tram est une aberration, surtout qu'on sait que des solutions alternatives existent.» Début juillet, avec des moyens dérisoires, il lançait une pétition qui demande à l'Office fédéral des transports de ne pas autoriser la construction du tram sans que son terminus ne soit réétudié. En deux mois, il a récolté plus de 4000 signatures. Et, depuis quelques jours, il présente son plan alternatif aux passants sur la place concernée.Sa solution? Reculer le terminus du tram d'une vingtaine de mètres en direction de la rue de Genève et déplacer l'interface des bus prévue juste à côté sur la place centrale, derrière les arches du Grand Pont. «Olivier Français a récemment affirmé que les places de parc allaient y être supprimées. Il existera donc un espace suffisant pour qu'elle constitue une boucle de rebroussement pour les bus, affirme Urs Zuppinger. De cette manière, on éviterait le goulet d'étranglement qu'on va immanquablement créer avec la solution retenue et qui verrait tout à la fois trams, bus et piétons s'entrecroiser. On préserverait non seulement la place de l'Europe, mais on augmenterait aussi l'espace destiné aux piétons qui y transitent puisqu'elle leur serait entièrement destinée!»Autre avantage non négligeable, cette solution s'avérerait également moins dangereuse pour les piétons qui empruntent aujourd'hui l'escalier qui part de la route de Bel Air, juste en dessus, et permet de rejoindre directement la place de l'Europe, un escalier qui les obligerait à traverser les rails du tram si le plan actuel était maintenu.
La mort du Flon?
Président de MyFlon, Guillaume Morand redoute pour sa part les conséquences écologiques et commerciales liées au projet initial. «Nous ne nous opposons pas au tram, mais à son arrivée rue de Genève. La solution serait d'enterrer le tronçon jusqu'au terminus. «En juin de l'année dernière, nous avons nous aussi déposé une pétition munie de 1500 signatures récoltées en 2 semaines pour le faire savoir, rappelle-t-il. La Municipalité n'a jamais pris le temps de nous répondre. C'est ce que j'appelle de l'arrogance et du mépris.»Guillaume Morand tient ainsi à rappeller que la solution retenue va impliquer la construction de la rampe Vigie Gonin, un nouvel axe destiné uniquement à dévier le trafic de la route de Genève, à laquelle va s'ajouter la construction de la nouvelle Maison du livre. «Ce nouvel axe aura pour effet de détruire la forêt du Flon et anéantira des chances de rénovation de la rue des Côtes de Montbenon, dernière chance de loyers modérés pour rendre le Flon plus convivial et plus commercial.» Et d'ajouter: «Je ne veux pas que le Flon devienne comme la Sallaz, inaccessible et mort commercialement, coincé entre une entrée parking et une route barrée. Un quartier à éviter.»
A l'heure de mettre sous presse, nous apprenons qu'une rencontre entre Olivier Français et l'urbaniste Urs Zuppinger a eu lieu. Une solution est-elle en train de se dessiner? Nous ne manquerons pas de vous en tenir informés dans notre prochaine édition. La Rédaction