Certes, la nouvelle n’a pas ravi l’ensemble de la population lausannoise. Mais elle a au moins le mérite d’être claire et novatrice. Il y a quelques jours, la Ville de Lausanne et le comité d’initiative de la droite communale ont trouvé un accord sur la hiérarchisation du réseau routier et les limitations de vitesse concernant certains tronçons en ville. Au final, la capitale vaudoise ne passera donc pas partout au 30 km/h de jour comme de nuit, mais verra certains de ses axes maintenus de jour à 50 km/h.
Un cas unique en Suisse
Cette décision a fait l’effet d’une petite bombe. Car à Lausanne, le sujet est terriblement clivant. Et ça ne date pas d’hier. Il a rendu certaines séances du Conseil communal houleuses mais, surtout, il a débouché sur d’interminables actions en justice de la part de la droite et des milieux économiques. Elles ont pour effet d’empêcher la Ville de développer son Plan de mobilité qui vise, entre autres, à généraliser l’instauration du 30 km/h. L’accord trouvé est donc le résultat d’un compromis, limité dans le temps, puisqu’il prendra fin en 2026. «Un cas unique en Suisse», comme l’a souligné justement la municipale Florence Germond qui concède que la Ville a dû «lâcher du lest».
Seulement voilà! Cet accord, sans doute difficilement obtenu, ne convient pas à Ensemble à gauche qui l’estime «négocié à huis clos» et marquer un revirement par rapport aux promesses faites aux Lausannois. D’où le dépôt d’un postulat qui demande une généralisation immédiate du 30 km/h sur toutes les routes de la ville. La formation politique évoque des raisons de sécurité, notamment parce que plusieurs tronçons concernés longent des écoles, mais également les objectifs du plan climat qui subirait ainsi un coup d’arrêt.
Une posture politique
Totalement déconnecté de la réalité, ce postulat sera vite classé. Mais ce faisant, Ensemble à gauche démontre son incapacité à se mouvoir dans un environnement démocratique, oubliant au passage que la recherche du compromis est un des piliers de la démocratie. Car par définition, un compromis c’est essayer de conjuguer les intérêts de tous. Chaque fois que, prisonnier de son idéologie, l’on fait prévaloir une logique d’affrontement par rapport à la recherche d’un accord, on agit contre l’intérêt général et le bien commun. En ce sens, l’accord signé entre la Municipalité et la droite est approprié, la position d’Ensemble à gauche simplement une manière de montrer qu’elle existe.