Les «65 ans et plus» ont été durant deux mois au centre de l’attention politique, sanitaire et sociale. C’est pour ce dernier volet que les conséquences seront les plus profondes. Samia Hurst, directrice de l’Institut Ethique Histoire Humanités à Genève, a relevé récemment que nous étions en train de renégocier notre contrat social. Et cela ne se fait pas sans tension, entre «jeunes» et «vieux», parce qu’ils sont la cause du confinement. Déjà, ces dernières années, les seniors déferlaient comme un «tsunami gris», pesant sur les assurances sociales. Cet «âgisme» s’est accompagné d’une forme de paternalisme en parlant uniformément des «65 et plus» comme des personnes «à risques» ou «vulnérables ». Ce n’est que récemment qu’un confinement strict de cette population a été remis en question.
Durant cette crise, les seniors ont dû réapprendre leur quotidien. Au travers des appels à la hotline de la Ville de Lausanne, le manque de ces petits instants de la vie sociale s’est révélé, crûment: ces discussions avec les commerçants, les rencontres au café ou les visites de la famille et des ami-e-s. Pour pallier ces absences et lutter contre l’isolement, de nouveaux liens se sont mis en place. Il a fallu apprivoiser son smartphone, ouvrir sa porte à de nouvelles personnes, se former à distance, accepter d’être dépendant pour ses courses. Et de constater que les seniors s’y sont adaptés, grâce à la solidarité de proximité née au sein des quartiers, entre voisins, entre parents.
Ces graines semées ce printemps renforceront la cohésion sociale à plus long terme. D’autant plus en favorisant l’autonomie des seniors: par l’adaptation des logements, de l’espace public, de la mobilité, mais aussi par l’encouragement à l’activité physique et intellectuelle et la diminution de la fracture numérique.