Si rien n’est fait, les assureurs maladie verront leurs réserves (déjà 9 milliards…) encore exploser en 2020. Selon les estimations actuelles, entre 1,5 et 2,5 milliards de francs (-4% à -8%) de prestations des hôpitaux, cabinets médicaux ou cliniques n’auront pas à être remboursées à cause du coronavirus, vu qu’elles n’ont pas pu avoir lieu!
Certains l’ont peut-être déjà oublié, mais pendant 41 jours (17 mars au 26 avril), pendant la première vague du covid, seules les consultations et interventions urgentes étaient autorisées par le Conseil fédéral, ce qui a représenté pendant cette période environ deux tiers d’activités en moins (l’équivalent de 26 jours d’inactivité complète). Et un rattrapage significatif n’a pas été constaté depuis.
Pourtant, les assurés paieront quand même leurs primes d’ici la fin de l’année comme s’ils avaient pu se faire soigner «normalement», ce qui n’a pas été le cas. Pour faire une opération blanche sur 2020 et 2021 et ne pas pénaliser doublement les assurés, il conviendrait donc que le Conseil fédéral intervienne pour faire baisser les primes d’au moins 4% l’année prochaine, voire davantage.
Cette crise offre aussi la démonstration qu’il devient impératif de fixer les primes d’assurance maladie a posteriori et en toute transparence sur la base des coûts réels de la santé, plutôt que de continuer à le faire sur la base de prévisions financières toujours pessimistes. Il faut aussi tirer la leçon du fait qu’une telle crise implique surtout un risque financier pour les prestataires de soins, qu’ils soient privés ou publics. En mains des assurances, dans de telles situations, ces réserves ne servent à rien.