«Beaulieu fait partie des projets les plus stimulants pour Lausanne»
«Il n’a jamais été question de complètement bannir la voiture de la ville»
Après deux ans de pandémie, comment va Lausanne?
Avec la fin des restrictions sanitaires, on se réjouissait de retrouver un vent de liberté, d’insouciance et de vie commune. Mais l’invasion de l’Ukraine par Poutine nous a plongés dans l’effroi, l’indignation et la peur. Nous vivons une période très éprouvante, avec toutefois de magnifiques élans de solidarité au sein de la population lausannoise, tant durant ces deux ans de pandémie, qu’aujourd’hui, à l’égard des réfugiés qui fuient l’Ukraine.
Quel impact cette pandémie aura-t-elle eu sur la ville?
C’est difficile d’avoir une réponse unique car la crise a creusé les inégalités. Une partie de la population s’en est sortie indemne, une autre en a même profité pour faire des affaires florissantes. A l’inverse, il y a celles et ceux qui ont tout perdu, dans les secteurs économiques très exposés, les jeunes, les personnes seules ou vulnérables. C’est pour eux que nous nous sommes mobilisés avec de nombreux mécanismes de soutien.
Et en tant que syndic, quelle leçon principale tirez-vous de cette crise sanitaire?
La crise nous a rappelé l’importance du rôle de l’Etat. Après des années de néolibéralisme, c’était un rappel utile… La pandémie nous a aussi montré l’importance de défendre nos libertés, de pouvoir se projeter dans l’avenir et de garder l’espoir. Une société ne peut vivre durablement avec la peur comme seule boussole.
Le secteur de la culture, dont vous êtes en charge sortira-t-il indemne de cette crise?
Là encore le bilan est contrasté. Les aides ont été importantes et très efficaces pour de nombreuses institutions ou acteurs culturels; d’autres en revanche n’en ont pas vu la couleur, ont dû cesser leur activité et comme toujours c’est le bout de la chaîne qui a le plus souffert. C’est dans ce but que nous avons voté un plan de relance lausannois, ouvert pour la première fois aux acteurs privés de la culture. Malgré les incertitudes, je fais partie de ceux qui pensent que le public va revenir dans les salles.
Pourtant, de nombreux commerçants en particulier les restaurateurs accusent la Ville d’avoir une politique anti-voitures qui met en danger leur activité. Que leur répondez-vous?
Je comprends toujours les inquiétudes et il nous faut les entendre. Il y a aussi beaucoup de travaux actuellement en ville. Mais une ville en chantier, c’est aussi une ville dont on prend soin. Et les expériences passées, à Lausanne et ailleurs en Europe, tendent plutôt à montrer que des centres-villes piétons, bien accessibles en transports publics et agréables à vivre sont propices aux affaires. Le réaménagement à venir des places de la Riponne et du Tunnel, la réalisation du tram ou du M3, l’extension des zones piétonnes ou encore la concentration de nos places de parcs dans des parkings souterrains accessibles plutôt que sur la chaussée s’inscrivent dans cette volonté.
Une stratégie de développement du site de Beaulieu doit être présentée ce printemps. Où en est-on des grands axes à définir ?
Beaulieu fait partie des projets les plus stimulants pour Lausanne. Avec la réouverture du théâtre, du nouveau restaurant, l’arrivée du Tribunal arbitral du sport, des activités sportives et des emplois dans Les Halles Nord, l’année 2022 marque un vrai changement de cap. Culture, sport, loisirs et santé seront au cœur du projet que nous sommes en train de développer, avec à la clé beaucoup de nouveaux emplois.
Le 9 juillet Lausanne va accueillir une étape du Tour de France. La capitale vaudoise est-elle prête?
Bien sûr et nous l’attendons de pied ferme. L’arrivée du Tour de France à Lausanne réveillera, j’en suis sûr, le souvenir des Jeux olympiques de la jeunesse 2020, de ces grands moments de fête et d’émotion collective que le sport peut nous procurer.
Les prix du gaz flambent, l’inflation semble repartir durablement et le pouvoir d’achat des Lausannois s’érode de plus en plus. La Ville a-t-elle une marge de manœuvre pour soutenir les plus fragiles?
Oui, même si la responsabilité principale incombera d’abord aux Cantons et la Confédération. D’autant que le conflit qui se déroule en Ukraine et les sanctions économiques qui en découlent pourraient avoir de lourdes conséquences sur les prix de l’énergie et notre pouvoir d’achat. L’Etat au sens large doit donc prendre ses responsabilités comme il l’a fait depuis le début de la pandémie avec des injections massives d’argent public.
Vous êtes syndic depuis 2016. On a parfois l’impression que votre bureau est un gigantesque lieu de doléances. Avez-vous toujours le même enthousiasme pour votre fonction?
En réalité, j’ai plutôt l’impression que les choses sont plus faciles aujourd’hui qu’elles ne l’étaient quand j’ai pris mes fonctions. Quand on commence, il y a beaucoup de stress, d’inconnus, de nouveautés. L’expérience est un atout. Aujourd’hui, je peux vraiment dire que j’adore mon métier, que c’est un privilège incroyable d’être syndic de Lausanne, avec tous les projets et les énergies positives que porte cette ville. L’enthousiasme est donc toujours bien là!