«Dans quelques années, beaucoup rêveront d’habiter aux Plaines-du-Loup» «Je partage l’idée que Plateforme 10 doit être verdi» «Lausanne a des projets fantastiques qu’il faut défendre»
Lausanne Cités: Après les épisodes caniculaires de cet été, vous comprenez que les habitants s’étonnent de voir les constructions en béton se multiplier à Lausanne?
Grégoire Junod: Les chantiers font toujours réagir et c’est bien normal. Aux Plaines-du-Loup par exemple, on a connu jusqu’à 20 grues en même temps. C’est l’un des chantiers les plus importants du pays. Mais l’image actuelle est très partielle, il y a encore des bâtiments à terminer et les aménagements extérieurs doivent encore être réalisés.
Vous pouvez admettre que le résultat ne fait pas vraiment rêver?
Mais c’est loin d’être fini. Je vous donne rendez-vous dans deux ans quand la première étape sera achevée. Toutes les rues seront réservées à la mobilité douce, largement arborées, avec des places de jeux, des espaces de rencontres, des potagers, de l’eau. Il y aura plus d’arbres demain aux Plaines-du-Loup qu’il n’y en avait auparavant. Le quartier comptera 30% de canopée, conformément à notre plan climat. Enfin tout le monde pourra se loger dans le quartier; nous y réalisons en effet deux tiers de logements à loyer abordable. Il faut donc encore un peu de patience avant de juger du résultat. Mais vous verrez, dans quelques années, les Plaines-du-Loup seront un quartier où beaucoup rêveront d’habiter.
Pourquoi ne pas avoir privilégié le bois, des fontaines ou encore des murs végétalisés?
Environ la moitié des bâtiments intègrent du bois dans leur structure de construction et tous respectent les standards énergétiques les plus exigeants. Le quartier sera autonome sur le plan du chauffage grâce à la géothermie et aux panneaux photovoltaïques. Quant aux aménagements verts, ils seront par la force des choses réalisés une fois les bâtiments terminés. C’est aussi valable quand un particulier fait construire sa villa, il ne commence pas par le jardin et les arbres!
La densité de cet écoquartier saute aux yeux. Est-elle due, comme l’affirment certains, à un droit de superficie trop onéreux qui a obligé le promoteur à multiplier les bâtiments?
Absolument pas. Nous avons dessiné le plan d’urbanisme avant de préparer les droits de superficie. Et les Plaines-du-Loup auront une densité comparable au quartier Sous-Gare à Lausanne ou au secteur Maupas – Av. de France. Quant au prix du sol, pour tous les logements à loyer abordable (deux tiers de tous les logements), il a été fixé au même niveau que partout ailleurs à Lausanne sur les terrains de la Ville. C’est uniquement pour les appartements en PPE et en marché libre ainsi que pour certaines surfaces d’activité, que les investisseurs ont été mis en concurrence. Mais on demeure très en dessous des prix du marché.
Autre exemple qui fait jaser, Plateforme 10. Les Verts vaudois sont montés au front, ils estiment que la réalisation ne ressemble pas au projet initial et que le site doit être rapidement végétalisé, ils ont tort?
Les Verts ne sont pas les seuls à avoir réagi. Des conseillers communaux de tous les partis ont interpellé le Conseil d’Etat. Le site est en effet propriété du Canton même si Lausanne a contribué financièrement au projet. Sur les plans culturel et touristique, c’est une réalisation magnifique et je suis reconnaissant au Canton des investissements importants qui ont été réalisés. Mais le projet n’est pas encore terminé. Pour que ce secteur devienne un vrai quartier, un espace de vie que la population s’approprie, l’achèvement des aménagements extérieurs et le renforcement de l’arborisation sont essentiels.
Donc ces critiques sont infondées?
Non. Nous avons constaté cet été que Plateforme 10 pouvait très vite se transformer en îlot de chaleur. Or, pour que le site fonctionne bien, qu’il attire non seulement des visiteurs mais aussi des badauds, il est indispensable de compléter la végétalisation du site. La Municipalité de Lausanne est prête à participer au côté du Canton à une réflexion large sur les aménagements extérieurs, la végétalisation et l’animation du site de Plateforme 10.
La Municipalité n’est-elle pas prise à son propre jeu, elle qui parle à longueur de journée de durabilité?
Tous ces nouveaux projets respectent des standards très élevés en termes de durabilité. Les bâtiments de l’écoquartier des Plaines-du-Loup, par exemple, sont conformes aux exigences de la société à 2000 watts. A lui seul, le nouveau quartier des Plaines-du-Loup permettra de réduire de 10% les émissions de CO2 par habitant à Lausanne.
Un autre écoquartier verra le jour au sud de la Ville, il s’agit des Prés-de-Vidy, où en est le projet?
Il prendra encore du temps car des fouilles archéologiques importantes doivent être menées; la plus grande nécropole romaine est enfouie sous le site des Près-de-Vidy. Le développement du projet devrait donc s’échelonner entre 2026 et 2032.
Et il y a l’Objectif Canopée qui vise à planter 25’000 arbres adaptés au dérèglement climatique. Seulement voilà, les chênes de Hongrie plantés à l’Avenue de Provence sont déjà morts, c’est plutôt cocasse non?
C’est un épisode malheureux mais le plan canopée se réalise en réalité plus vite que nous ne l’avions planifié. On plante donc plus d’arbres que prévu! Et ça c’est une très bonne nouvelle.
Sur les ondes de LFM, votre prédécesseur Daniel Brélaz s’est étonné du nombre de chantiers menés en même temps en Ville de Lausanne, que lui répondez-vous?
(rires) Qu’il y a largement contribué! Les grands projets prennent du temps, Métamorphose, la gare, Malley, tous ces projets ont été lancés lorsque Daniel Brélaz était syndic.
Eteindre les incendies, cela fait partie du job de syndic. Mais cela ne finit-il pas par vous fatiguer?
Pas du tout, j’adore mon travail. Lausanne a des projets fantastiques, j’aime les défendre et les porter à bien. Je reçois aussi beaucoup de retours positifs de la part de la population. Les premiers habitants des Plaines-du-Loup, par exemple, sont enthousiastes. Développer Lausanne, améliorer la qualité de vie et faire en sorte que les gens puissent continuer à y vivre, quels que soient leurs revenus et leur âge, c’est ce qui motive mon engagement.