Le Conseil d’Etat bascule à droite

POLITIQUE • Les urnes ont parlé et le peuple vaudois a désigné ce dimanche son nouvel exécutif à la faveur d’un second tour palpitant.

Après Christelle Luisier réélue dès le premier tour, les socialistes Nuria Gorrite et Rebecca Ruiz sont brillamment reconduites à leur poste. Malgré ce résultat, la gauche peut faire grise mine, puisque la conseillère d’Etat socialiste sortante Cesla Amarelle est poussée vers la sortie après avoir dirigé le département de la formation durant une seule législature. Une sanction d’autant plus sévère que la candidate a été souvent biffée sur sa propre liste, expression du mécontentement d’un électorat de gauche qui aura peu apprécié son style et son bilan.

Féminin et à droite

Le Conseil d’Etat bascule donc à droite, à la faveur de l’élection d’une novice, Valérie Dittli, 29 ans, membre du Centre. A ses côtés, une autre femme fait son entrée au Conseil d’Etat, la PLR Isabelle Moret, qui peut quant à elle se prévaloir d’une expérience et d’un parcours politiques sans failles. Enfin, c’est également un Conseil d’Etat à large majorité féminine qui émerge des urnes, puisque deux hommes seulement en feront partie: il s’agit des nouveaux élus Frédéric Borloz (un PLR à la longue carrière de conseiller national) et Vassilis Venizelos candidat Vert qui après des sueurs froides face à son score du premier tour, réussit à sauver le siège de Béatrice Métraux. Avec ce basculement de majorité à droite, la présidence du Conseil d’Etat devrait être retirée à Nuria Gorrite pour échoir le 1er juillet prochain, très vraisemblablement à la PLR Christelle Luisier.

 

Balle au centre, l'éditorial de Fabio Bonavita

Après onze ans de domination rose-verte, le Conseil d’Etat vaudois a basculé à droite dimanche dernier. Le gouvernement prend ainsi le même chemin que le Grand Conseil qui restera également à droite ces cinq prochaines années. Une double majorité qui ne devrait pas révolutionner les équilibres politiques. Car, c’est bien connu, en terres vaudoises, on ne gouverne pas au bulldozer. Le fameux duo Broulis-Maillard l’avait compris mieux que personne.

Avec l’élection surprise de la centriste Valérie Dittli, la tentation est cependant grande pour la droite de faire preuve d’une certaine arrogance. Quant à la gauche, elle aura certainement vite fait de se crisper, frustrée de ne pas pouvoir imposer son agenda politique. Dans cet équilibre fragile, il appartient à la jeune Valérie Dittli de sortir de sa position d’otage du PLR et de l’UDC, afin de pleinement jouer son rôle de pivot sur les grands dossiers qui vont occuper le gouvernement vaudois ces prochaines années. Qu’il s’agisse de l’imposition des personnes physiques, de la mobilité, des questions environnementales ou de l’école. En aura-t-elle le savoir-faire et le courage? Et l’envie?

Son manque d’expérience pourrait évidemment lui jouer des tours, mais aussi apporter un vent de fraîcheur dans un gouvernement grandement renouvelé. Seule certitude, elle ne pourra pas faire moins bien que la socialiste Cesla Amarelle dont l’éjection ne doit rien au hasard. Ses vues idéologiques et sa gestion sans pitié de son département ont gangréné son mandat de bout en bout. Son cinglant revers sonne donc comme un juste retour de bâton. A Valérie Dittli donc de démontrer qu’elle mérite pleinement sa chance. Et quel plus beau défi que celui de déjouer tous les pronostics?