Deux milliards. Voilà ce que les assurés de sept cantons, dont celui de Vaud, ont payé en trop pour leur assurance maladie. Et cela n'a rien à voir avec la récente et effarante culbute de la SUPRA. Il s'agit en effet des millions qui ont été puisés par les assureurs dans la poche des assurés, dont 444 millions piqués au Vaudois, au fil des années et au profit des réserves des petits cantons ou même de Berne.Il y a six ans que cette injustice a été révélée et que les assurés spoliés attendent une solution. Pascal Couchepin s'était muré dans le déni. Didier Burkhalter a proposé l'an dernier de corriger cette injustice en la compensant, pour moitié pendant six ans, grâce à la répartition de la taxe CO2. Chaque assuré vaudois aurait ainsi récupéré quelque 650 francs. Ce n'est pas le Pérou, mais c'est déjà bon à prendre.Hélas, c'était sans compter avec l'opposition de quatorze cantons. Sans se soucier de fédéralisme, ceux-ci réfutèrent la proposition de la taxe CO2. Sans paraître se souvenir que les cantons de Vaud, Genève ou Zurich font partie des huit cantons qui, sans rechigner, paient une contribution annuelle et solidaire aux autres cantons. La Commission du Conseil des Etats, chargée d'étudier la question, sombra dans la perplexité et décida d'attendre.La Conférence des chefs des départements de la santé a tenté de débloquer la situation en septembre dernier. Les 26 conseillers d'Etat ont proposé à l'unanimité, fait rarissime, que les assureurs assument leurs responsabilités et remboursent, sur une période de trois ans, ce qui a été payé en trop, en toute logique. Dire que l'unanimité des cantons a enthousiasmé les assureurs serait exagéré! Personne n'ignore la force de frappe du lobby des caisses maladie qui hante les couloirs du Palais fédéral.Et si le Conseil fédéral écoutait plutôt le plus grand lobby, celui des assurés qui en ont marre d'attendre? Et si les assurés vaudois se mettaient ensemble pour le clamer avec les assurés de Genève, Zurich, Neuchâtel, Thurgovie, Tessin et Bâle Ville, malmenés comme eux? La montagne ne peut résister lorsque les gens se mettent ensemble pour la franchir, disent les Chinois.