On pensait que l'expérience vécue par les pays organisateurs des derniers JO serait suffisamment douloureuse pour empêcher toute velléité d'organiser des JO en Suisse: c'est raté. Les milieux du tourisme et de l'immobilier, grimés en partisans du sport et d'une touchante amitié entre les peuples, remettent sur le tapis leur vieille lubie !
Quand est-ce qu'un véritable bilan économique, écologique et éthique des dernières compétitions olympiques sera-t-il fait ? En Grèce, les jeux de 2004 ont contribué à plonger le pays dans la crise: même Jacques Rogge, président du CIO, le reconnaît. La facture des festivités s'élève à 9.6 milliards d'Euros, dont 1 milliard pour le seul système de sécurité. Les récents jeux de Londres ont coûté 11.5 milliards (quatre fois le coût au budget), et rien ne garantit qu'ils seront rentables: «Nous passons tous un bon moment, mais comme après chaque lendemain de fête, on aura la gueule de bois», estimait Georgios Kavetsos de la London School of Economics. Rappelons que Montréal a mis 30 ans à rembourser ses olympiades.
Outre l'aspect financier, les JO sont généralement une catastrophe écologique. Chacun garde en tête ces images choquantes d'hélicoptères apportant de la neige sur les pistes de Vancouver en 2010. La journaliste Naomi Klein remarquait alors que «les montagnes sont rasées pour y construire des pistes de ski, la faune est chassée de son habitat et les villes sont transformées en gigantesques parkings agrémentés de sushi bars».
A Turin, quatre ans plus tôt, les JO ont consommé en deux semaines la même quantité d'eau qu'une ville de 600'000 habitants en un an. Une vision bien particulière du «développement durable» dont se bâfrent pourtant les instances olympiques! Il faudrait encore parler du nettoyage social effectué lors de chaque «grande fête du sport»: indigents chassés des centres-villes, petits vendeurs harcelés au nom des contrats d'exclusivités signés avec les multinationales-sponsors, explosion des prix de l'immobilier…
La Suisse n'a pas besoin de pareilles calamités. Paysage défiguré, dégagement massif de CO2, extension du réseau routier, construction de complexes hôteliers, budgets dépassés, lois d'exception liberticides façon WEF… Sans façon!