«Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on ne nous facilite pas la tâche!» Depuis de nombreuses années, Stéphane Hugonnet gère une station-service à Prilly. Et doit, comme nombre de ses collègues gérants de station, faire face à de plus en plus de clients qui partent sans payer leur plein.Oubli ou vol? «Ça dépend des cas, souligne-t-il. Certains clients passent par le shop, font des achats et ils oublient tout simplement d'annoncer qu'ils ont également fait le plein. D'autres s'en vont volontairement sans payer». Un phénomène en hausse ces derniers mois.Face à la recrudescence de ce type d'arnaques, ou de ce qui peut parfois s'en apparenter, Stéphane Hugonnet a fait installer des caméras de surveillance. Facile dès lors de relever le numéro de plaque des automobilistes concernés et de pouvoir ainsi les confronter à la triste réalité. Mais la procédure qui suit s'avère longue et compliquée. «Il faut déposer plainte auprès de la police, qui doit ensuite dénoncer le cas à un juge qui, lui, sera finalement appelé à trancher.» Ce qui implique, à chaque fois, de se déplacer, de payer des frais de procédure, entre 100 et 150 francs, et... d'attendre que le cas soit traité. «A croire qu'on tient à faciliter le travail des voleurs! Pour moi, comme pour beaucoup de mes collègues, c'est en tous cas une tracasserie administrative de plus voulue par le Service des autos, même si, au bout du compte, je finis la plupart de temps par récupérer mes billes. Mais que de temps et d'énergie perdus!»
Pas seulement Vaud
«Ce que beaucoup ne savent pas, c'est que pour l'heure, il n'existe pas de règlement spécifique à la circulation routière qui donnerait la possibilité de demander que ses coordonnées demeurent secrètes, explique pour sa part Pascal Chatagny. Ce sont les lois fédérales et cantonales relatives à la protection des données qui s'appliquent.» Et celles-ci sont claires: chacun peut demander à ce que ses données personnelles ne soient pas communiquées dans un domaine précis afin de garantir son droit à la protection de sa sphère privée. Le canton de Vaud n'est du reste pas le seul à faire usage de ce principe: Fribourg, Neuchâtel, le Jura, Genève, le Valais ou encore Berne permettent aussi à chacun de demander, par un formulaire, de bloquer les données le concernant. Et le chef du Service des automobiles et de la navigation du canton (SAN) de préciser: «Dès le 1er janvier 2015, les choses vont cependant évoluer. Cette possibilité de demander à ce que ses propres données demeurent secrètes, et qui est donc déjà largement utilisée dans la pratique, sera cette fois introduite dans la loi fédérale sur la circulation routière.»
Pas de solution?
N'y aurait-il pas lieu dès lors de trouver une voie plus directe pour aider les gérants de station-service exposés au vol d'essence? «Sur demande écrite et dûment motivée, les renseignements tirés des registres peuvent être communiqués lorsqu'il y a un intérêt suffisant en vue d'une procédure, précise Pascal Chatagny. Celui-ci est examiné de cas en cas, par la pesée des intérêts entre la nécessité du renseignement en vue de l'établissement de la vérité et le respect du secret de fonction et de la protection de la sphère privée.» Autrement dit, l'autorité dispose d'un large pouvoir d'appréciation dans ce domaine, mais elle doit procéder, au cas par cas, et ... conformément à la procédure.