Lausanne Cités: Sur quelles bases ces mesures ont-elles été prises?
Grégoire Junod: Elles font suite aux consultations, initiées par Marc Vuilleumier, et conduites cet été avec les milieux intéressés. Elles visent à mieux concilier la qualité de vie et la sécurité des habitants avec l'animation de la vie nocturne.
Parmi celles-ci, des conditions plus sévères pour les établissements de nuit avec une modification de l'heure de police et le devoir, pour chaque club, de mieux assurer la sécurité à l'intérieur, mais aussi à l'extérieur des établissements...
Nous souhaitons effectivement ramener l'heure de police à 3 heures, au lieu de 4 heures actuellement, mais avec possibilité de la prolonger jusqu'à 5 heures, moyennant le paiement d'une taxe et le respect de plusieurs conditions. Parmi celles-ci, une formation reconnue, la mise à disposition d'un nombre minimum d'agents de sécurité, un contrôle systématique à l'entrée des clubs avec un détecteur de métaux ou encore la création d'un périmètre de nettoyage et de sécurité aux abords des établissements. En cas de non-respect de ces règles, aucune prolongation de l'heure de police ne sera accordée. Par ailleurs, dans les quartiers où l'habitat est prépondérant, des horaires plus limités pourront être imposés.
Vous vous montrez même disposé à prolonger les horaires jusqu'à 6 heures...
Oui, aux mêmes conditions, mais pour autant que la vente d'alcool soit interdite à partir de 5 heures. Le problème, c'est que la mise en place de cette mesure ne dépend pas uniquement de nous. Elle nécessite un changement de la loi cantonale avant de pouvoir être appliquée...
On a quand même le sentiment que vous avez décidé de serrer la vis aux clubs...
Notre volonté, c'est plutôt de les responsabiliser. Nous avions deux options, soit fermer tous les établissements plus tôt, soit soumettre l'ouverture tardive au respect de certaines règles. C'est cette voie que nous avons privilégiée.Autre mesure forte: plus de vente d'alcool dans les petits commerces le vendredi et le samedi soir…Ces établissements ne pourront effectivement plus bénéficier de dérogations aux horaires habituels d'ouverture ces deux soirs. Par conséquent, ces commerces fermeront au plus tard à 19 heures le vendredi et à 18 heures le samedi. Les autres jours de la semaine, les ouvertures prolongées resteront possibles jusqu'à 22 heures comme c'est le cas aujourd'hui. Toutefois, si le canton se décide à modifier la loi sur les auberges et débits de boissons pour dissocier heures d'ouverture et horaire de vente d'alcool, nous pourrions alors maintenir les prolongations jusqu'à 22 heures toute la semaine mais en interdisant la vente d'alcool le soir. Ce serait clairement la meilleure solution. La balle est dans le camp du Conseil d'Etat.
Vous savez bien que si les fêtards ne trouvent plus d'alcool dans ces petits commerces, ils iront préalablement s'approvisionner dans les grandes surfaces…
Ce que je sais, c'est qu'à Genève, une mesure similaire a eu pour effet de réduire d'un tiers les intoxications alcooliques aux Hôpitaux universitaires. Rendre l'accès à l'alcool plus difficile ne résoudra pas tous les problèmes mais c'est une mesure qui a prouvé son efficacité. En outre, nous demandons également une modification du règlement de police permettant à la Municipalité d'interdire, à certaines heures et selon les besoins, la consommation de boissons alcooliques sur des parties du domaine public ou dans certains lieux privés accessibles au public.
Toujours pour mieux garantir la sécurité publique, vous proposez enfin d'instaurer des mesures d'interdiction de périmètre allant jusqu'à trois mois, notamment en ce qui concerne les dealers…
De mesures similaires sont déjà appliquées à Berne, Saint-Gall et Winterthour avec une certaine efficacité. Nous souhaitons effectivement doter Lausanne du même outil. Au-delà des dealers, elles peuvent concerner toute personne qui menace ou trouble la sécurité et l'ordre public.
Quand ces mesures entreront-elles en vigueur?
Elles donneront lieu à un préavis qui sera soumis au Conseil communal d'ici la fin de l'année. Sous réserve de son accord et de la validation des différentes dispositions règlementaires par le Conseil d'Etat, nous espérons pouvoir les faire entrer en vigueur d'ici le printemps 2013. D'ici la fin de l'année, nous présenterons par ailleurs un plan d'action global sur la sécurité à Lausanne.