Julia Christ, la passion de l’espace public

DÉCORATION • Architecte d’intérieur de plus en plus tendance, la Lémanique d’adoption multiplie les mandats dans toute la Suisse. Dernier fait artistique 
à son actif: le décor mural réalisé dans deux stations de métro lausannoises.

Née et ayant grandi au Brésil, d’un père d’origine allemande et d’une mère anglaise, cette bilingue anglais-portugais est venue à Lausanne en 2000 pour des cours en Erasmus. «Quand j’ai passé le concours d’admission à la HEAD à Genève, mon fils était alors âgé de trois mois», précise Julia Christ en riant.  Elle a eu son premier mandat à la fin de ses études, grâce au patron de feu le café-restaurant lausannois Bellini. Outre le décor, qu’elle a voulu très coloré avec une touche italienne et des meubles vintage, elle a dû toucher à divers domaines, y compris administratifs, qui lui ont beaucoup appris. Suivront d’autres bistrots comme le Perroquet, le Pavillon et plus récemment le foyer du Théâtre de la Grange de Dorigny.
Un brin de folie
Cette jeune quadra confesse un faible pour les mandats qui portent sur des établissements ou des espaces publics plutôt que chez des privés. Etre indépendante, une évidence pour cette brune au regard décidé? «En effet, et ce dès le début, souligne Julia Christ. Quand j’ai une idée en tête, j’aime la mener jusqu’au bout. Etre à mon compte me permet aussi de mener mes projets avec un brin de folie créative sans être trop limitée.»
Cohérence recherchée
Son studio en plein bourg de Lutry se situe dans un ancien magasin de vins aux murs anciens, à quelques encablures du Léman où elle aime se rendre à la pause de midi. Elle dit aimer la scénographie et les techniques de travail traditionnelles avec des artisans. On se risque à lui demander comment elle se définit artistiquement: «Je ne cherche pas à avoir un style particulier mais une cohérence globale.» Julia Christ a toutefois un faible pour les couleurs, plutôt vives, et les motifs, floraux et tropicaux. «Parfois, je dois trouver des astuces pour me différencier des tendances mainstream que l’on peut trouver désormais dans des magasins grands publics», confie Julia, qui se soucie aussi du choix des matériaux en fonction de l’environnement, de la pollution, voire des incivilités potentielles.
Pour la réalisation récente de ses fresques graphiques murales des stations de Vigie et de Malley, sur la ligne du M1, cela a été prévu. Six mois de chantier, des milliers de carreaux en céramique sur 1600 m² et un savoir-faire artisanal nécessaires pour réaliser ces œuvres. Les carreaux se déclinent principalement en bleu et en blanc, en référence aux couleurs des TL. Mais elle a utilisé trois teintes différentes de blanc, ainsi que des joints dans des teintes similaires afin de renforcer l’impact visuel de la fresque.
«Un travail d’orfèvre, chaque carreau a été posé individuellement à la main par les artisans. Je pense que plus aucun carreleur lausannois ne veut travailler avec moi», s’esclaffe cette perfectionniste, qui reconnaît que les passants ne remarqueront probablement pas ces subtilités.
Des restos et un casino
«Mes sources d’inspiration sont partout où je vais, aussi bien en vacances à l’étranger, ou quand je retourne à São Paulo, que dans la région lémanique où je vis et travaille depuis 15 ans», explique Julia Christ. Sa vie est ici, avec ses enfants, elle s’y sent bien et va demander la nationalité suisse. Elle nous confie travailler sur trois restaurants en ville de Genève, ainsi que sur un espace de divertissement à Fribourg. Elle croise aussi les doigts pour qu’un projet de casino du côté alémanique, pour lequel elle a été approchée, se concrétise.