Partout dans le monde l’urbanisation s’accélère. Mais la maîtrise de ce phénomène universel varie d’un pays à l’autre. En régime non démocratique, un Prince régnant peut s’offrir une ville-prestige dans le désert brûlant ou un Etat absent laisse les villes s’étaler sans leur fournir les infrastructures et services publics indispensables.
Dans les pays démocratiques, la population a son mot à dire sur les villes et leur développement. Le plus souvent indirectement, par l’intermédiaire de ses élus dans les parlements nationaux et régionaux, voire communaux. En Suisse, à tous les échelons, nous cultivons en plus la démocratie directe. Les citoyens demeurent attachés aux procédures de l’initiative et du référendum, même si elles prennent du temps.
A quoi s’ajoutent, dans les villes, diverses formes de participation associative aux débats sur l’aménagement des quartiers et leur équipement, sur l’organisation des transports, sur les développements urbanistiques. Sur les tours par exemple.
A chaque fois, on touche un sujet qui se dépasse lui-même. On croit discuter de réalités mesurables: surfaces des espaces verts, volume des constructions, flux de la circulation, horaires d’ouverture. Mais, ce faisant, on parle de questions bien plus fondamentales: que devient la condition urbaine? Comment l’améliorer? Que signifient concrètement les objectifs communément admis tendant à rendre la ville durable, dense, compacte, connectée? Que veut dire faire la ville ensemble, plus sociale et solidaire?
Pour pouvoir prendre sur ces questions des options correspondant à l’intérêt général, il faut remplir une condition préalable, si difficile à Lausanne: accepter que la ville est bel et bien une ville qui s’assume, avec ses atouts et ses faiblesses, avec aussi les signes qui la distinguent de la paysanne réputée avoir fait ses humanités.